« On ne veut qu’aider l’humanité à progresser » …

… a affirmé un membre de l’église de Scientologie hier à Paris. Aude-Claire Malton, qui a porté plainte contre la secte, n’est certainement pas d’accord avec cela.« A l’époque, j’avais 20 ans et j’avais été déçu par plusieurs religions », se rappelle Eric Roux, ministre de l’église de Scientologie à Paris, mais lui préfère décliner le titre « directeur exécutif pour les services à l’étranger ». « Mais une fois que j’avais intégré l’église, je n’avais qu’une envie : celle de progresser ! » Une envie, pour laquelle le trentenaire a dépensé 50.000 Francs (7622 euros) en deux semaines il y a 15 ans. Même aujourd’hui, il ne regrette pas cet investissement et souligne qu’après tout, l’église de Scientologie « ne veut qu’aider l’humanité à progresser ».

Aude-Claire Malton n’est pas convaincue de cette bonne volonté de l’église de Scientologie: en 1998, elle a payé 21 500 euros en deux mois pour les initiations à la religion. Aujourd’hui, elle a porté plainte contre la secte. Pour Eric A., la facture s’est élevée à 49 483 euros en trois mois, mais il a entre-temps retiré sa plainte. L’église lui a remboursé 32.700 euros.

Depuis deux semaines, six leaders de la scientologie française se retrouvent donc devant la 12e chambre du tribunal de correctionnel à Paris pour «escroquerie en bande organisée». Comme l’Association spirituelle de l’église de scientologie et de la librairie scientologue SEL sont accusés en tant que personnes morales, un jugement pourrait entraîner leur dissolution.

A la barre, Eric Roux rejette ce chef d’accusation : « aucun membre de l’église ne veut s’enrichir personnellement», rétorque-t-il en soulignant que, dans les meilleurs mois, lui-même gagne autour de 500 euros pour 40 heures de formation. Et quand l’église aide certains membres à trouver des moyens pour payer ces formations (par des crédits etc.), elle ne le fait «qu’à la demande des adeptes mêmes».

L’église est aussi accusée d’« exercice illégal de la pharmacie », car elle aurait distribué des vitamines. « Les experts que nous avons consultés comme le docteur Routh disent qu’il s’agit d’interventions très pointues, souligne la juge, ils disent que de tels traitements ne seraient normalement appliqués qu’après prescription … »

« Mais il n’y a rien de médical là-dedans », se défend le ministre. « Les médecins qui supervisent l’usage de vitamines sont formés par le livre [du fondateur] L. Ron Hubbard. » Ainsi, des milliers de personnes auraient suivi le traitement sans problème, alors que la dose des vitamines administrées est augmentée progressivement. « Mais on passe seulement à l’étape suivante quand les symptômes de l’étape d’avant se sont apaisés».

Le réquisitoire est attendu lundi, les plaidoiries de la défense auront lieu mardi et mercredi.

L.