Mère courage attaque la France

« Le 23 septembre 1996 à 9 heures 15, la police fouille le terrain devant la maison de mon gendre. Avec la pelleteuse, ils vont couper ma petite-fille en deux », Gilberte Crovisier, 57 ans, poursuit son récit d’un ton remarquablement calme. « Après, on va découvrir mon petit-fils sous sa mère, les deux auront le crâne fracassé. Un peu plus loin dans la terre : mon gendre égorgé ».

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Cet horrible événement marque le sommet de la recherche désespérée de cette mère de trois enfants, dont un, sa fille Stéphanie, a été abattue à l’âge de 21 ans par les coups d’Edgar Boulai, ami de la famille et parrain de la petite-fille Donattela. Ce Martiniquais avait assassiné toute la famille au coupe-coupe (la machette martiniquaise), pour s’installer après dans leur maison, en compagnie de sa maîtresse, Madame B, médecin généraliste du village voisin.


« Après, ils nous a joué la comédie », s’indigne Gilberte. Le meurtrier avait  maintenu que la famille s’était « mise à l’abri pour une histoire de drogue », puis que Stéphanie les avait « emmenés dans une secte ». Mais : « on connaît ses enfants », parle avec son coeur la femme aux yeux bruns et cheveux teintés en rouge, qui s’est méfiée de toutes les versions d’Edgar Boulai et a enquêté de son propre chef (cette enquête est détaillée sur le blog de Gilberte « Mère courage »). Car Gilberte s’est vue refuser l’appui de la police à plusieurs reprises, parfois de manière nonchalante. Ce n’est qu’au bout de neuf mois qu’une enquête est finalement ouverte.


Aujourd’hui, 14 ans plus tard, Gilberte, agent RATP, est devenue une spécialiste en procédures judiciaires. Elle jongle avec des mots comme « disjonction d’affaire », connaît le moindre détail de son dossier par cœur. Ce dossier, Gilberte l’explique avec sobriété. Mais de temps en temps, elle sort de sa neutralité affichée, se réjouit du coup de poing que Christophe, son fils à la carrure d’un rugbyman, a assené à Edgar Boulai dans un moment „d’inattention“ policière au commissariat. « Cela a dû lui faire du bien, et à moi aussi, d’ailleurs », rigole-t-elle.

Edgar Boulai a été condamné à la prison à perpétuité en juin 2000. Cependant, Gilberte le surveille de loin : « J’ai des yeux et oreilles en prison », souligne-t-elle. En effet, elle sait où se trouve l’assassin de sa fille, car il doit lui transférer une indemnisation mensuelle de 1,5 euro depuis sa prison. Aussi, des associations de victimes la tiendront au courant par rapport à une éventuelle sortie de la maison de correction d’Edgar Boulai. Selon Gilberte, ceci est fortement improbable, car il n’a jamais avoué ses actes, pourtant condition sine qua non pour une remise en liberté conditionnelle.


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La bataille juridique a laissé ses traces : Gilberte est sous antidépresseurs depuis 14 ans, « pour éviter d’être une machine à pleurer ». Pourtant, elle n’a pas perdu sa détermination. Ainsi, Gilberte poursuit son combat : Avec des amis, elle est en train de préparer une plainte devant la cour européenne des Droits de l’homme, contre la France – pour dysfonctionnements judiciaires.


L.